dimanche 17 août 2008

Les vélos

Toamasina est une ville à vélos car elle est sans relief et c'est un moyen de transport économique.

Célia a donc acheté un vélo en arrivant. C'est le modèle dit « chinois », qu'on trouve dans toutes les boutiques de la ville : un VTT de bonne mine, pas cher (40 euros), avec sonnette, porte-bagages, béquille et bidon d'eau.

Malheureusement, la qualité des pièces est inégale : certaines se sont cassées après un jour, comme la sonnette et le porte-bidon ; d'autres dans la semaine, comme la béquille ; la bague d'une poignée de frein s'est fendue peu après. Quand je suis arrivé, j'ai compris qu'il ne fallait pas changer de vitesse, et mes vigoureux efforts pour rouler à travers le sable meuble ont eu raison d'une pédale, qui est tombée comme une feuille morte.

Il est vrai que les conditions locales, le climat humide, l'air marin, le sable perfide, ne sont pas tendres pour les machines quelles qu'elles soient. Il n'en demeure pas moins que ces vélos « chinois » sont de la pire qualité que j'aie jamais vu. Le qualificatif « chinois » est un peu abusif parce que beaucoup de vélos sont fabriqués en Chine, parmi lesquels certains sont d'excellente qualité, ne serait-ce que parce que les Chinois eux-même en font un usage intensif.

Presque tout le monde roule donc sur un vélo de qualité médiocre, qui menace de tomber en morceaux à chaque instant. Ceci est possible pour deux raisons. La première est que les Malgaches sont patients et soigneux. Ils ménagent leur monture, ne poussent pas trop sur les pédales, mettent pied à terre devant les bancs de sable et ne tentent jamais une danseuse. La seconde est que Toamasina est remplie de stands de réparation de vélos. Un gars avec une caisse à outils y graisse une chaîne, colle une rustine ou resserre un boulon pour 100 à 500 Ar (< 0.2 euro).

Cependant, nous envisageons de faire quelques centaines de kilomètres vers le nord en bicyclette, donc il n'est pas question de s'arrêter trois fois par jour pour de menues réparations : il faut de vrais vélos ! Nous convenons d'en louer un pour moi et d'en acheter un meilleur pour Célia.

Un rapide tour du marché permet de constater qu'outre les vélos « chinois » il n'y a que des vélos très haut de gamme européens : des VTT avec triple suspension et frein à disque. La briéveté de notre séjour ne justifie pas leur prix.

Une autre piste est de combiner des pièces détachées soigneusement choisies pour créer un vélo.

À ce stade de la réflexion apparut l'Homme Providentiel. Nous mangions à la table du jardin, devisant de nos plans de voyage. Arrive un jeune homme à lunettes de soleil, sur un vélo de fière allure. Il s'appellait David, étudiant en Master 2 et assistant de Michelle.

Nous le complimentons pour son destrier et l'interrogeons sur sa robustesse, sa disponibilité, son prix. Il nous garantit qu'il est possible d'en monter un semblable pour pas trop cher. Je l'accompagne pour un tour de reconnaissance des boutiques de pièces détachées, en quête d'un cadre approprié.

Il accepte de rassembler les pièces dont nous dressons la liste et de faire monter le vélo. Quelques jours plus tard, il arrive avec un vélo ultra-léger, mais bien solide. Nous sommes tirés d'affaire.



À l'usage, le Frankenstein du vélo souffre de quelques insuffisances : toutes les vitesses ne sont pas accessibles et la chaîne saute quelquefois lorsqu'on force sur les pédales. Lors de notre périple, nous eûmes recours à des réparateurs pour l'entretenir. La potence du guidon s'est fissurée tant Célia insistait pour monter les côtes en danseuses. Mais dans l'ensemble le résultat est satisfaisant.

Aucun commentaire: