Il y a l'eau courante et l'électricité le plus souvent, avec des fluctuations de puissance pour l'un, de débit pour l'autre. La peinture à l'intérieur est écaillée, avec des trous poussiéreux dans les murs. Les vieux sanitaires sont en plastique jauni, les robinets fuient, les portes jointent mal, les ustensiles de cuisine sont abîmés, les ampoules faiblardes, etc. Mais la maisonnette est fonctionnelle et confortable.
Un soir, nous entendîmes des bruits forts de papier ou de sac plastique froissé. Nous nous demandâmes ce que c'était, craignant malgré les barres aux portes et les ferrures aux fenêtres l'effraction d'un cambrioleur. Je vais dans la cuisine. Hormis l'habituel cafard courant sur l'évier, rien. Le bruit avait cessé. Je retourne dans la chambre. Après quelques minutes, le bruit reprend de plus belle... Le lendemain, rien n'avait été grignotté dans nos provisions. Après discussion avec la voisine, nous établîmes que des termites rongent les poutres de la charpente en produisant ce bruit.

La voisine, Michelle, est une Américaine étudiante en antropologie. Elle parle bien malgache et s'intègre efficacement dans le quartier en buvant son café le matin dans les minuscules gargottes. Il y a ensuite le gardien et sa famille. Ils habitent à six dans une case en bois, et écoutent la radio toute la journée. Ils sont sensés faire la lessive des locataires, mais il semble que ce soit impossible sans leur laisser un pourboire. Ils acceptent les restes de nourriture qu'on leur donne avec un enthousiasme gênant.
Nous partageons avec Michelle un coin de jardin et une petite véranda avec un table. Nous jetons sans grand scrupule les déchets organiques dans le jardin, sachant que les poules du gardien les valoriseront.
À midi, nous mangeons des salades de concombres et de tomates. On trouve ces ingrédients dans les boutiques du voisinage. Une boutique, dans sa plus simple expression, est un comptoir en bois sur la façade côté rue d'une case. Une fille ou une dame derrière le comptoir vend six tas de quatre tomates et autant d'oignons, ou des poissons frits, des plats de spaghetti, des cartes recharge pour mobiles Orange, ou des baguettes de pain légères comme des plumes, dont le prix est fixé par le gouvernement à 300 aryari (0.12 euro). Les achats sont emportés dans des sacs rayés bleus ou rouges, en plastique extrèmement fin. On les retrouve émiettés dans les tas d'ordures dévalant vers les canaux aux eaux noires.
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