vendredi 15 août 2008

Départ Pangalanes

Célia doit de temps en temps se déplacer pour « inspecter » des projets de développement. Nous sommes ainsi partis une semaine sur le canal des Pangalanes, cours d'eau mi-naturel mi-artificiel qui suit de côte sur 600 km au Sud de Toamasina. Les villages à visiter ne sont accessibles qu'en train (sur la bande de sable entre le canal et la côte) ou bateau (sur le canal lui-même).

Je vais donc à la gare pour acheter des billets. Le tarif est 5 fois plus cher pour les touristes : Madarail s'y entend à exploiter l'aura exotique du rail africain. Un tableau annonce le départ à 18 h -- dommage, le train roule de nuit. La guichetière me conseille pourtant d'arriver vers 22 h. Bizarre, mais difficile d'en tirer plus d'informations.

Je passe à l'office de tourisme pour tirer l'affaire au clair. Une affable employée sort une brochure qui prévoit effectivement le train à 18 h. J'insiste. Décidément très serviable, elle téléphone aux services régionaux de Madarail. Après 2-3 numéros infructueux, un employé à Tana explique que le train est en retard et qu'il faut arriver à 21 h. Bon.

À 21 h nous arrivons dans le vaste hall de la gare de Toamasina. Une centaine de passagers attendent, sous la lumière blafarde de quelques tubes au néon. Nous nous informons auprès d'un groupe de de touristes arrivés à l'heure officielle : le train (une motrice diesel et trois wagons) est déjà là, mais débarque des marchandises.




Les enfants courent partout et jouent aux billes dans le hall. Les dames papottent ou restent assises avec le stoïcisme caractéristique des africains qui patientent. Quand la motrice déplace un wagon, l'intérêt de l'assistance s'éveille un instant : l'embarquement commence-t-il ? Non.

Nous décidons d'aller manger dans un restau en ville. Nous demandons aux touristes, trois éducatrices poitevines, de nous faire un bip avec leur téléphone portable si le train faisait mine d'embarquer des passagers.

Une heure plus tard, nous revenons à la gare, quelques bols de soupe chinoise dans le ventre. Calme plat. Il y a plus de monde assis, certains ont déroulé des paillasses et un drap pour dormir sur le carelage. De temps en temps, des employés du service de sécurité, en uniformes noir et jaune, traversent le hall d'un air affairé. Ceux de Madarail sont moins repérables car il vont en civil.

À minuit, nous dodelinons, avachis entre les bagages et paniers de souvenirs de nos camarades touristes. Les enfants courent toujours avec une énergie inépuisable. Un vent frisquet caresse les parcelles de peau exposée.

À deux heures, ça a l'air sérieux. Un employé s'installe au portique pour filtrer l'accès au train. La queue se forme : tout le monde s'approche le plus possible, avec une pression croissante à proximité du portique. Nous ne sommes pas en reste et avec une solidarité bien africaine, nous nous chargeons d'une partie des encombrants bagages de nos collègues touristes. Après un quart d'heure d'inconfortable pression en attendant que l'employé ait affûté son crayon, nous montons sur le quai et dans le train !

Le wagon est vieux mais les sièges en cuir sont confortables et nous avons pris nos précautions pour ne pas dépendre des toilettes innommables.

Le train s'ébroue avec le traditionnel bruit en « tum-dum tum-dum » des roues passant sur les jointures à l'ancienne des rails. Le wagon roule toutes portes et fenêtres ouvertes, éclairé à pleine puissance. Nous dormons un peu. Je réalise avec dépit que nous n'avons pas d'appareil photo en état de marche...

Nous avançons à un rythme paisible. Tous les 4 ou 5 km le train s'arrête devant un quai plongé dans l'obscurité complète, quelques personnes montent ou descendent. Il s'agit de ne pas se tromper de gare... Le controlleur promet de m'avertir.

Après deux heures de trajet (pour 40 km) nous descendons dans le noir, et le puits de lumière du train s'éloigne. Heureusement, le responsable du projet de développement nous attendait sur le quai.

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