Notre première étape, jusqu'à la cité balnéaire de Foulpointe, fait 60 km. En comptant 20 km/h, un départ à 14 h devrait nous assurer d'arriver avant la nuit. Nous décollons donc à 15 h (incapables de tenir un horaire). La route croise de nombreux cours d'eau qui se jettent dans la mer, dont un que nous franchissons sur un pont flottant.

Bien sûr nous n'atteignons pas la vitesse moyenne prévue : la nuit tombe. Nous ne voyons plus les nids de poule ni les bancs de sable sur la route. Les voitures et camions roulent prudemment et utilisent leurs phares. On ne peut pas en dire autant des cyclistes et piétons... Je crève un pneu en franchissant un nid de poule, mais heureusement nous avons prévu des chambres à air de rechange.
Les hôtels de Foulpointe semblent complets. C'est exceptionnel, la plupart du temps les capacités d'hébergement de Madagascar me semblent largement suffisantes pour le nombre de touristes, assez modeste. Nous trouvons une chambre dans un hôtel luxueux avec douche à l'eau chaude (une première depuis que je suis dans le pays !) Repas réellement gastronomique dans un restaurant fréquenté par des vacanciers tanariviens.
Le lendemain, nous quittons la route principale vers l'Ouest et l'intérieur des terres. L'étape, à travers collines et vallons cultivés (essentiellement des rizières), est éprouvante, surtout pour Célia qui chevauche un vélo renâclant.

Nous arrivons à la tombée du jour. Vavatenina n'est pas du tout touristique, nous logeons dans un bungalow tout simple. La rue principale est bordée de stands où on vend de tout : pour le petit déjeuner ou le dîner, il suffit de butiner de stand en stand et de grignotter spaghetti, flans de pommes de terre, beignets de toutes formes et compositions, gâteaux de polenta, etc.

Nous faisons une visite matinale aux élites locales. Leur problème principal est l'approvisionnement en eau. Et en effet, l'eau de Vavatenina, qu'on nous avait présentée comme potable, m'a valu de tenaces problèmes digestifs... Dans l'après-midi nous redescendons vers la nationale 5 en direction de Fénérive, autre chef-lieu où Célia a affaire.
Fénérive est la plaque tournante de l'aide humanitaire et au développement de la région. Les constructions en dur se partagent entre quelques bâtiments officiels et une multitude d'ONG plus ou moins connues : UNICEF, Saint Gabriel, Water aid, etc. Nous dînons chez un représentant de la région Nord-Pas-de-Calais en compagnie d'une série de travailleurs en aide au développement.
La conversation porte sur le dernier ouragan, Ivan, qui retarde tout le travail humanitaire depuis six mois, puis sur la nouvelle doctrine d'aide au développement : les ONG ne doivent pas venir avec des solutions ou des infrastructures toutes prêtes, mais les bénéficiaires doivent exprimer clairement leurs demandes et besoins. Seule cette implication des bénéficiaires assure la pérennité de l'intervention.
Le lendemain, nous faisons la tournée d'une série d'exploitations de litchis, de clous de girofle et de vanille. Une ONG forme les agriculteurs pour mieux exploiter et vendre ces produits d'exportation. Les employés nous prennent à l'arrière de leurs motos. C'est un excellent moyen de parcourir les pistes défoncées et vallonnées qui mènent aux endroits reculés. Les endroits que nous visitons ne sont des jardins de quelques dizaines de mètres carrés : certains projets sont d'échelle minuscule.
La dernière étape en vélo nous mène sans histoire à Soanierana Ivongo. Plusieurs bateaux parcourent quotidiennement les 8 km de traversée. Trois sont des vedettes rapides, utilisées par les touristes. Le quatrième, le « Rozina », est plus lent et moins cher. Il transporte à chaque voyage quantités de marchandises pour approvisionner l'île. Nous prenons des billets, en nous assurant que les vélos sont acceptés. Le bateau part à 10 h.
Nous arrivons donc à 10 h avec nos bagages. Le bateau n'est pas là : en réparation. Pour tuer le temps, nous flânons aux alentours. Nous montons sur une colline voisine, bientôt suivis d'une meute d'enfants piaillant vivement devant ces Vazahas qui quittent l'embarcadère des vedettes rapides.

Vers 14 h, le bateau arrive et embarque les marchandises, dont nos vélos. À 16 h, soulagés, nous nous mettons en file dans la cohue habituelle, les matelots déballent les gilets de sauvetage. Puis soudain les passagers semblent se démobiliser, la tension retombe. Après quelques minutes de flou, un matelot francophone nous explique que la gendarmerie interdit le départ du bateau : il est trop tard, et un navire militaire patrouille. Départ le lendemain à 5 h, sans faute.
Avec fatalisme, nous retournons à notre hôtel...
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