jeudi 18 septembre 2008

Nostalgie

Passer deux mois dans une ville étrangère n'est pas vraiment un déménagement, mais plus tout à fait des vacances. Pour ma part, je n'ai jamais vécu aussi longtemps dans une ville sans y avoir mon domicile nominal. Avant de partir, je me suis remémoré mes voyages précédents. Toujours, certains aspects de ma vie normale me manquaient : la nourriture, la musique, la langue, un foyer. Je le supportais parce que c'était temporaire, comme une apnée.

Je savais que ce voyage serait plus long, j'avais donc préparé un lecteur MP3 avec une version numérisée de ma CD-thèque pour pouvoir de temps en temps m'échapper dans ma musique familière. Las, le support fut volé, ou perdu, lors de notre périple sur le canal des Pangalanes. Ca me manque, car je n'apprécie pas vraiment la musique populaire malgache, ni les fragments de musique européenne que j'entends de temps à autre au hasard des MP3 embarqués sur les portables des vazahas.

On peut dire qu'à Toamasina, j'ai un foyer. Au début, je logeais chez Célia, dans sa petite maisonnette. Puis nous avons déménagé vers notre nouvelle maison. Comme nous avons emménagé tous les trois au même moment, et que j'étais impliqué dans les préparatifs et l'agencement, je ne suis pas moins chez moi que mes colocataires. En rentrant de week-end, je me sens revenir dans un lieu familier.

Le français est langue officielle, mais ce n'est pas très important : les Malgaches le parlent rarement assez bien pour que la conversation soit plus subtile que si je parlais, disons, anglais ou espagnol. Par contre, la plupart des vazahas sont Français. Il y a donc de fréquentes occasions pour, entre vazahas, exercer les finesses de la langue. Mais ça reste un plaisir d'importation : Madagascar n'y contribue pas. Radio France International est diffusé sur la bande FM et nous l'écoutons régulièrement. C'est une espèce de France Inter qui traite plus extensivement de l'étranger, et de l'Afrique en particulier.

Un autre plaisir d'importation culturel est l'Alliance Française. C'est une association à Toamasina qui a une bibliothèque et organise des activités culurelles, des formations, etc. De la bibliothèque je fréquente la petite secion des bandes dessinées, cet art éminemment français.

Je me suis trouvé un goût pour les albums de Alix. Je trouve habituellement le style de narration de Jacques Martin engoncé et surranné, son dessin un peu raide. Ici, je tombe sous le charme de la perfection antique de l'architecture et des corps, rendus méticuleusement et en détail. Les héros et les personnages historiques sont nobles et francs, les sociétés civilisées et raffinées, les aventures pleines de grandeur. Elles sont solidement construites, comme des contes, avec les héros, les opposants, les opposants repentis (qui meurent le plus souvent pendant l'aventure), et une morale. Cette perfection très académique m'attire par son contraste avec l'environnement malgache, prosaïque, où rien ne fonctionne sans souci, où il est toujours question d'argent, où l'intendance est un cauchemar...

Du côté culinaire, j'ai aussi cédé aux plaisirs d'importation : en France mon alimentation est basée sur le pain et le fromage. Madagascar propose une honorable variété de fromages de vache, produits à Antsirabe, à pâte dure pour la plupart. Je ne suis donc pas contraint à consommer les fromages français du supermarché. En revanche, sauf à se fournir dans des boutiques luxueuses, l'offre en pain se réduit à d'ignobles baguettes industrielles, molles, ultra-légères, au prix fixe. Bizarrement, à Sainte Marie, le pain est bien meilleur. C'est donc au retour de notre excursion sur l'île que, dans un mouvement de révolte, nous avons acheté une machine à pain. Depuis, je cuis du pain compact et carré, complet, au sésame, au son, etc. Il se combine d'ailleurs à merveille avec du chocolat malgache.




Ainsi, j'accomode mon séjour en important mes habitudes françaises. Il se trouve que c'est possible à Madagascar, donc je me complais dans cette inclinaison. Je pourrais sans doute vivre dans ce pays. Pourtant, il ne se passe pas un jour où je ne pense au moment de reprendre un Airbus vers Paris, puis le TGV vers Grenoble...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Good good good......

Leni a dit…

HI seem nice memory that you have