Les Malgaches dans leur très grande majorité ne sont pas envieux ou opportunistes, donc cette énorme différence de revenus n'empèche pas d'avoir un contact relativement apaisé avec les autochtones.
Cependant, elle encourage toutes sortes de métiers rares dans les pays riches. Toute maison plus chic qu'une case est louée en combinaison avec un gardien, qui l'entretient, brûle les ordures et éloigne les voleurs par sa présence. Il est quasiment impossible de louer une voiture (souvent un 4x4) sans chauffeur. Les vahazas si souvent des femmes de ménage que les machines à laver et les aspirateurs sont presque inexistants.
Il faut faire un effort conscient pour ne pas avoir de femme de ménage. Dès qu'on a un contact suivi avec la population locale, elles se proposent d'elles-mêmes. Préparer le dîner ou faire la vaisselle devant une femme de ménage potentielle est presque un affront : ne le ferait-elle pas aussi bien ? pourquoi refuser de lui donner un peu d'argent ? Beaucoup de Malgaches ont quotidiennement besoin d'argent, parce qu'ils prévoient très peu l'avenir et ont donc très peu d'épargne.
Au début, l'idée de se faire servir est bizarre, comme de se faire transporter en pousse-pousse. Moralement, nous assimilons cela à de l'exploitation et craignons pour notre autonomie. Mais bientôt, c'est de ne pas prendre de femme de ménage qui paraît égoïste : ça crée un emploi alors qu'acheter un aspirateur au supermarché ne bénéficierait en rien à l'économie locale.
La femme de ménage est souvent aussi une amie, soit parce qu'elle l'était avant, soit parce qu'une relation d'amitié apparaît facilement : c'est à la fois sa tendance naturelle (les Africains sont vite sentimentaux) et son intérêt, parce qu'elle s'attache ainsi ses employeurs. Elle parle relativement bien français tout en connaissant les usages et la vie quotidienne malgache. Elle sert donc d'intermédiaires entre les vazahas et les vendeurs du marché, voire les gardiens de la maison... Le risque est que, à l'instar des journalistes dans des régions en conflit qui n'interrogent que des chauffeurs de taxi, on ne connaisse de la population locale que sa femme de ménage...

Les vahazas ont tendance à payer généreusement les femmes de ménage parce qu'ils sont exceptionnellement riches et parce que leur sens moral le leur dicte. A l'opposé, la classe moyenne malgache, typiquement des commerçants karana (d'origine indienne ou pakistanaise), octroie des salaires serrés au plus près des prix du marché : ils sont dans le circuit économique local et ont des revenus proportionnés au niveau de vie malgache.
Célia a donc eu différentes femmes de ménage. Siloé était une amie qui a insisté pour faire le ménage quand elle était invitée à manger. Françoise était une cousine de Siloé qu'elle a recommandée. Lala nous a tout bonnement abordés dans la rue pour demander du travail.
Nous venons de déménager de la maisonnette de Célia vers un logement plus grand, en colocation avec Michelle. Inoccupée depuis trois ans, la plomberie et diverses autres composantes sont vétustes. Lala nous est d'une aide précieuse, non seulement pour rendre l'endroit habitable, mais aussi pour négocier les réparations avec le gardien (qui représente le propriétaire). Elle a la cinquantaine et connaît les goûts des vazahas. Elle a pris l'initiative de retirer la décoration et les bibelots kitsch des propriétaires....

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire