jeudi 25 septembre 2008

Vers Diego

Pour les deux dernières semaines de mon séjour, nous avons entrepris un périple en direction de Diego-Suarez, à la pointe Nord du pays.

La première étape est de rejoindre Antananarivo (abrégé en "Tana"), car, comme chez l'ancien colonisateur, les routes convergent en étoile vers la capitale. Nous prenons donc le bus de nuit (dit "Boeing", sans doute en hommage à sa grande taille).

La nonchalance avec laquelle nous avons considéré l'horaire de départ nous contraint à prendre un taxi pour rattraper le bus à la sortie de Tamatave. Après une cinquantaine de kilomètres, une épaisse fumée surgissant du moteur affole Célia qui le voit déjà exploser, brûlant vifs les passagers. En fait, c'est une panne qui nécessite une heure de réparation, ce qui nous permet de dîner. Pour le reste, le voyage se déroule sans encombres. Nous arrivons à Tana au petit matin. Nous laissons les bagages chez une amie, Marise, et passons la journée à flâner dans la ville.




Tana est construite sur des collines. Les rues carrossables sinuent dans les vallons, coupent les reliefs dans des tunnels ou serpentent pour gravir les pentes (certains taxis renoncent d'ailleurs à monter ces côtes). D'innombrables escaliers affrontent les pentes de front. Le plan de la ville est donc très irrégulier, y déambuler est à la fois un casse-tête et une surprise à chaque coin de rue.

Le soir, nous reprenons un taxi-brousse qui fait le trajet vers Mahajanga, sur la côte Ouest, en une nuit. L'objectif est de faire le plus possible de route pendant la nuit pour ne pas gaspiller de précieuses heures de lumière. Nous descendons à 100 km avant la ville, pour visiter le parc d'Ankarafantsika. Il est 4 h du matin. Après avoir rassuré le gardien, nous terminons la nuit en dormant sur des bancs à l'entrée du parc.

Les visites dans les parcs sont toujours guidées. Notre guide d'aujourd'hui est un noble au nom interminable (même pour des standards malgaches). Il propose d'emblée de prendre l'appareil photo de Célia pour immortaliser des animaux. Il se révèle un honorable photographe, sachant admirablement combiner l'appareil avec ses jumelles pour simuler un téléobjectif. Il repère en particulier les oiseaux, qu'il a l'habitude de traquer pour les clients anglais, ornithologues passionnés.




En plus des presque classiques lémuriens et baobabs, nous passons dans un étrange cañon de pierre sableuse. Nous terminons la visite par un lac truffé de crocodiles, contre lesquels des paneaux avertissent les candidats baigneurs. Le guide se laisse aller à d'audacieuses affirmations : il en aurait vu un de 12 m ! et ils ne mangent que 10 kg de viande par an ! De loin, leurs yeux et leur truffe ressemblent à des morceaux de bois dérivant dans la vase...





En fin d'après-midi il est temps de reprendre la route vers Mahajanga. Craignant (inutilement) la rareté des taxi-brousse, nous nous résignons à faire du stop. Bientôt un énorme semi-remorque chargé de 32 tonnes de ciment nous embarque. Bien entendu, ce n'est pas très rapide, mais la vue depuis la cabine surélevée sur la steppe caressée par le soleil couchant est merveilleuse. Le conducteur et son mécanicien écoutent Francis Cabrel et s'arrêtent pour acheter des mangues. Ce sont des "mangues de Diego", rouge-orangés et plus petites que les mangues habituelles. On peut arracher leur peau avec les dents, quoique notre maladresse nous interdise de le faire proprement...




Le chauffeur du camion nous laisse à un petit hôtel à Mahajanga. C'est la troisième ville et le second port du pays. Les rues sont d'une largeur surprenante, et paraissent vides le plus clair de la journée, avec leur circulation de ville de province. Le soleil impitoyable chasse les habitants des rues en milieu de journée : nous nous approchons de l'équateur.




Nous nous informons sur les bateaux qui iraient à Nosy Be ou Diego que nous pourrions prendre. Malheureusement, le Jean-Pierre Caloch, navire pour touristes, ne fera le trajet qu'en fin de semaine. Nous nous résignons donc à repartir le soir en taxi-brousse. Nous déjeûnons dans un excellent restaurant tenu par un "vieux vazaha" réunionnais, "le Vahine".

jeudi 18 septembre 2008

Le bazar Kely

Pendant mon séjour à Toamasina, Célia travaille, donc je me trouve avec le plus clair des journées libres. Notre excellente femme de ménage, Lala, pourrait s'occuper de la plupart des tâches ménagères. Elle pourrait préparer à manger, ou nous pourrions faire nos courses une fois par semaine dans un supermarché occidental. Ca ne se passe pas ainsi parce que je joue à l'homme au foyer.

Pour le touriste, que je suis, les tâches quotidiennes, se nourrir, faire les courses, chasser les cafards, discuter avec le gardien de la maison, ont une dimension de ludique. Il parcourt la gamme des plats exotiques du cru, s'amuse du nombre les blattes et de termites, négocie des prix insignifiants, etc : il joue à s'intégrer dans un environnement qui n'est pas tout à fait sa réalité, puisqu'il en partira dans quelques semaines.

Je joue donc le rôle d'un homme au foyer. L'aspect le plus excitant de ce jeu est d'aller faire les courses à Toamasina.

Quand on vient d'Europe, la ville peut paraître pauvre et ses magasins uniformes. Quand on vient d'agglomérations malgaches plus petites (ce que les citadins appellent " la brousse ", habitée de " broussards "), le point de vue change : Toamasina devient un centre cosmopolite opulent où on trouve tout, en plusieurs versions, et en abondance.

Presque tous les jours, je prends donc mon vélo chinois avec une liste de courses.

Au début, je fréquentais surtout les trois supermarchés, qui proposent des produits qui comblaient mon goût pour l'exotisme. Le jeu consiste, bien entendu, à préférer aux produits français les équivalents locaux ou à défaut africains ou du sous-continent indien. Madagascar a une industrie agro-alimentaire qui couvre une large gamme de produits : Tiko (la fameuse entreprise du président) pour les produits laitiers, Taf pour les épices, Codal pour les miels et confitures, Robert pour les chocolats,...

Pour les fruits et légumes, il y a des boutiques partout dans les rues au alentours de la maison. Quand je suis arrivé, c'était l'hiver : le froid relatif réduisait le choix à quelques légumes et à des bananes. Maintenant les mangues, mandarines, ananas, sont plus courants. Le jeu consiste aussi à s'arrêter dans les gargotes, les fast-food locaux, pour goûter les plats proposés. La plupart des préparations sont frites. Les plus réussies sont à mon avis les samosas, les mini-poivrons, et des petites boulettes de graines germées.

Peu à peu, je me suis enhardi, quittant le supermarché et m'aventurant dans les marchés. D'abord, il y a le bazar Bé, au centre de la ville. C'est une halle comme on peut en trouver en France, un peu délabrée, avec des toiles d'araignées fantastiques au plafond. Les stands sont bien agencés et une bonne partie est consacrée à des produits touristiques (épices, artisanat soigné). Les produits sont luxueux et les prix pour les vazahas sont exagérés.



Puis j'ai découvert le bazar Kely. C'est un marché excentré, de deux hectares environ, donc bien plus étendu que le marché de centre ville (paradoxalment car bé = grand, kely = petit).

Il est construit sur des dalles de béton. Au milieu court une tranchée d'égouts (presque) à l'air libre et il y a quelques bâtiments en dur : des toilettes publiques et une halle à viandes. Autour, des ruelles en plan cartésien délimitent des stands, par centaines. Chaque stand est une structure en bois portant un toit en tôle, en bâche ou en toile de sac de riz. Certains ont des murs en planches, d'autres non. Les vendeurs, désoeuvrés les trois quarts du temps, sont installés derrière les comptoirs ou quelquefois couchés sur leur étal parmi leur marchandise.

Je pose donc mon vélo chinois dans une rue avoisinante (sans antivol, car le vélo n'en dispose pas), et je m'engage dans une ruelle du marché. Je dois souvent marcher voûté parce que la hauteur des stands est calculée pour des Malgaches, plutôt petits dans l'ensemble.

Dans la partie du marché par où je commence, on vend des légumes. Il y a toujours des tomates, oignons, carottes, brêdes (sorte de goûteux épinard tropical), par tas énormes. Ils sont acheminés dans des paniers tressés empilés sur des chariots montés sur quatre roues de voiture et dirigés via un mécanisme de leviers. On trouve des bananes en abondance, mais les autres fruits, comme les ananas et les oranges, sont relativement luxueux et plus rares. Les mangues, abordables, commencent à arriver avec la fin de l'hiver.

Je passe ensuite dans l'énorme partie consacrée aux vêtements. Les stands sont isolés par des murs de pantalons et robes suspendus derière lesquels les badauds semblent jouer à cache-cache. La lumière qui filtre est vivement colorée par les tissus chattoyants. Des petits hauts-parleurs crachent des mélopées hachées et répétitives : prière musulmane ? Beaucoup de vendeurs (et leur marchandise) sont d'origine pakistanaise. Les sons sont atténués par les piles de vêtements et de chaussures. On trouve de tout, du slip à la veste en fausse fourrure, dans les marques les plus prestigieuses : D&G a du succès auprès des midinettes et Nike est présent en masse. Heureusement, les prix de ces imitations sont adaptés au contexte local. Les T-shirts à la gloire de Madagascar ne sont pas réservés aux touristes, ils se portent couramment.




Errer parmi les tissus m'a fait perdre tout à fait le sens de l'orientation. En m'imposant de marcher tout droit, j'émerge dans dans la partie où on vend le nécessaire pour le ménage : piles d'assiettes, brosses, bouteilles thermos en plastique, etc. Comme souvent, les magasins vendent tous la pratiquement les mêmes produits industriels. Ensuite, je passe des deventures d'ustensiles artisanaux : planches à pain en palissandre (bois dur dont l'exportation est interdite), casseroles forgées, paniers, plateaux en vannerie, petites râpes à légumes en fer plié, entonnoirs soudés à la main, etc. A côté on vend des épices, huile de coco, vanille, clous de girofle, miel en boutille, etc.

Ensuite, je passe dans la poissonnerie. Toamasina est en bord de mer, on y pêche toutes sortes d'espèces. Quand le poisson, et les crustacés (et la viande) sont soit frais du jour, ils sont vendus à l'extérieur du marché, en petites quantités. Ici, la chair est conservée salée, sèche ou fumée. Les grandes piles de poissons écartelés dans la pénombre et l'odeur à la fois marine et sèche saisissent l'imagination. Le coin est un bizarrement silencieux. C'est peut-être ici que l'ambiance de vieille ville portuaire est la plus prégnante.




J'émerge au bord du marché. Les stands sont remplis de cahiers, cartables, crayons, qui attestent que l'école reprend en début septembre. On vend de l'électronique bon marché (sur piles, l'électricité est un luxe) : montres, mini-radios, calculettes, etc.

En face du marché, des boutiques porposent par sacs de 50 kg des graines sèches : différents types de riz (Madagascar en consomme le plus au monde par habitant) et de farine (c'est là que je me fournis pour le pain), cacahouètes, haricots en tous genres, sucres, maïs. On pourrait craindre que les sacs ouverts attirent mouches ou mites, mais le rythme de consommation est tel que les oeufs des insectes sont cuits avant d'éclore...



J'aime ainsi flâner dans le bazar, acheter est un but secondaire. Je négocie rarement, ou pour le principe, car ce marché est trop peu touristique pour que les vendeurs aient souvent le réflexe de profiter du vazaha ignorant (parfois, les prix sont même affichés !). Quand il pleut, l'endroit devient une pataugeoire, et il faut marcher d'ilot en ilot par dessus les flaques de boue. Le Bazar Kely a mauvaise réputation : plusieurs personnes m'ont mis en garde contre les pickpokets. Ces inconforts ajoutent au charme de l'endroit, on est bien en Afrique.

Nostalgie

Passer deux mois dans une ville étrangère n'est pas vraiment un déménagement, mais plus tout à fait des vacances. Pour ma part, je n'ai jamais vécu aussi longtemps dans une ville sans y avoir mon domicile nominal. Avant de partir, je me suis remémoré mes voyages précédents. Toujours, certains aspects de ma vie normale me manquaient : la nourriture, la musique, la langue, un foyer. Je le supportais parce que c'était temporaire, comme une apnée.

Je savais que ce voyage serait plus long, j'avais donc préparé un lecteur MP3 avec une version numérisée de ma CD-thèque pour pouvoir de temps en temps m'échapper dans ma musique familière. Las, le support fut volé, ou perdu, lors de notre périple sur le canal des Pangalanes. Ca me manque, car je n'apprécie pas vraiment la musique populaire malgache, ni les fragments de musique européenne que j'entends de temps à autre au hasard des MP3 embarqués sur les portables des vazahas.

On peut dire qu'à Toamasina, j'ai un foyer. Au début, je logeais chez Célia, dans sa petite maisonnette. Puis nous avons déménagé vers notre nouvelle maison. Comme nous avons emménagé tous les trois au même moment, et que j'étais impliqué dans les préparatifs et l'agencement, je ne suis pas moins chez moi que mes colocataires. En rentrant de week-end, je me sens revenir dans un lieu familier.

Le français est langue officielle, mais ce n'est pas très important : les Malgaches le parlent rarement assez bien pour que la conversation soit plus subtile que si je parlais, disons, anglais ou espagnol. Par contre, la plupart des vazahas sont Français. Il y a donc de fréquentes occasions pour, entre vazahas, exercer les finesses de la langue. Mais ça reste un plaisir d'importation : Madagascar n'y contribue pas. Radio France International est diffusé sur la bande FM et nous l'écoutons régulièrement. C'est une espèce de France Inter qui traite plus extensivement de l'étranger, et de l'Afrique en particulier.

Un autre plaisir d'importation culturel est l'Alliance Française. C'est une association à Toamasina qui a une bibliothèque et organise des activités culurelles, des formations, etc. De la bibliothèque je fréquente la petite secion des bandes dessinées, cet art éminemment français.

Je me suis trouvé un goût pour les albums de Alix. Je trouve habituellement le style de narration de Jacques Martin engoncé et surranné, son dessin un peu raide. Ici, je tombe sous le charme de la perfection antique de l'architecture et des corps, rendus méticuleusement et en détail. Les héros et les personnages historiques sont nobles et francs, les sociétés civilisées et raffinées, les aventures pleines de grandeur. Elles sont solidement construites, comme des contes, avec les héros, les opposants, les opposants repentis (qui meurent le plus souvent pendant l'aventure), et une morale. Cette perfection très académique m'attire par son contraste avec l'environnement malgache, prosaïque, où rien ne fonctionne sans souci, où il est toujours question d'argent, où l'intendance est un cauchemar...

Du côté culinaire, j'ai aussi cédé aux plaisirs d'importation : en France mon alimentation est basée sur le pain et le fromage. Madagascar propose une honorable variété de fromages de vache, produits à Antsirabe, à pâte dure pour la plupart. Je ne suis donc pas contraint à consommer les fromages français du supermarché. En revanche, sauf à se fournir dans des boutiques luxueuses, l'offre en pain se réduit à d'ignobles baguettes industrielles, molles, ultra-légères, au prix fixe. Bizarrement, à Sainte Marie, le pain est bien meilleur. C'est donc au retour de notre excursion sur l'île que, dans un mouvement de révolte, nous avons acheté une machine à pain. Depuis, je cuis du pain compact et carré, complet, au sésame, au son, etc. Il se combine d'ailleurs à merveille avec du chocolat malgache.




Ainsi, j'accomode mon séjour en important mes habitudes françaises. Il se trouve que c'est possible à Madagascar, donc je me complais dans cette inclinaison. Je pourrais sans doute vivre dans ce pays. Pourtant, il ne se passe pas un jour où je ne pense au moment de reprendre un Airbus vers Paris, puis le TGV vers Grenoble...

jeudi 11 septembre 2008

Se faire servir

Le salaire minimum légal malgache est de 50000 Ar par mois, c'est-à-dire 20 euros environ. Les vazahas qui travaillent dans le pays ont des statuts divers, de volontaire à expatrié, et gagnent de 20 à 200 fois ce salaire minimum.

Les Malgaches dans leur très grande majorité ne sont pas envieux ou opportunistes, donc cette énorme différence de revenus n'empèche pas d'avoir un contact relativement apaisé avec les autochtones.

Cependant, elle encourage toutes sortes de métiers rares dans les pays riches. Toute maison plus chic qu'une case est louée en combinaison avec un gardien, qui l'entretient, brûle les ordures et éloigne les voleurs par sa présence. Il est quasiment impossible de louer une voiture (souvent un 4x4) sans chauffeur. Les vahazas si souvent des femmes de ménage que les machines à laver et les aspirateurs sont presque inexistants.

Il faut faire un effort conscient pour ne pas avoir de femme de ménage. Dès qu'on a un contact suivi avec la population locale, elles se proposent d'elles-mêmes. Préparer le dîner ou faire la vaisselle devant une femme de ménage potentielle est presque un affront : ne le ferait-elle pas aussi bien ? pourquoi refuser de lui donner un peu d'argent ? Beaucoup de Malgaches ont quotidiennement besoin d'argent, parce qu'ils prévoient très peu l'avenir et ont donc très peu d'épargne.

Au début, l'idée de se faire servir est bizarre, comme de se faire transporter en pousse-pousse. Moralement, nous assimilons cela à de l'exploitation et craignons pour notre autonomie. Mais bientôt, c'est de ne pas prendre de femme de ménage qui paraît égoïste : ça crée un emploi alors qu'acheter un aspirateur au supermarché ne bénéficierait en rien à l'économie locale.

La femme de ménage est souvent aussi une amie, soit parce qu'elle l'était avant, soit parce qu'une relation d'amitié apparaît facilement : c'est à la fois sa tendance naturelle (les Africains sont vite sentimentaux) et son intérêt, parce qu'elle s'attache ainsi ses employeurs. Elle parle relativement bien français tout en connaissant les usages et la vie quotidienne malgache. Elle sert donc d'intermédiaires entre les vazahas et les vendeurs du marché, voire les gardiens de la maison... Le risque est que, à l'instar des journalistes dans des régions en conflit qui n'interrogent que des chauffeurs de taxi, on ne connaisse de la population locale que sa femme de ménage...






Les vahazas ont tendance à payer généreusement les femmes de ménage parce qu'ils sont exceptionnellement riches et parce que leur sens moral le leur dicte. A l'opposé, la classe moyenne malgache, typiquement des commerçants karana (d'origine indienne ou pakistanaise), octroie des salaires serrés au plus près des prix du marché : ils sont dans le circuit économique local et ont des revenus proportionnés au niveau de vie malgache.

Célia a donc eu différentes femmes de ménage. Siloé était une amie qui a insisté pour faire le ménage quand elle était invitée à manger. Françoise était une cousine de Siloé qu'elle a recommandée. Lala nous a tout bonnement abordés dans la rue pour demander du travail.

Nous venons de déménager de la maisonnette de Célia vers un logement plus grand, en colocation avec Michelle. Inoccupée depuis trois ans, la plomberie et diverses autres composantes sont vétustes. Lala nous est d'une aide précieuse, non seulement pour rendre l'endroit habitable, mais aussi pour négocier les réparations avec le gardien (qui représente le propriétaire). Elle a la cinquantaine et connaît les goûts des vazahas. Elle a pris l'initiative de retirer la décoration et les bibelots kitsch des propriétaires....


mercredi 3 septembre 2008

Architecture

Une fois sorti de Toamasina, vers la campagne et les villages, l'habitat devient de plus en plus traditionnel.

La case malgache de base est en composantes naturelles. La structure est une série de poteaux en bois (des troncs d'arbre) verticaux plantés en terre, disposés en carré. Ces poteaux supportent un plancher surélevé. Les planches sont disjointes pour balayer le sable par les fissures. Les assemblages entre poteaux et chevrons sont de simples encoches avec des chevilles en bois ou quelquefois des clous.

Le toit est constitué d'une série de bâtons qui supportent de grandes feuilles de bananier ou d'arbre du voyageur, qui résistent aux vives averses tropicales. Le tout est relié solidement avec des fibres végétales. Les murs sont en bambou déroulé et tressé ou en demi-bambous bien jointés. Il n'y a pas nécessairement de fenêtre.



Ces cases ne nécessitent théoriquement aucun produit industriel. La main d'oeuvre ne coûte quasiment rien : le salaire quotidien pour un ouvrier est de 2500 Ar (1 euro). C'est heureux, car la construction dure très longtemps.

Selon les professionnels du bâtiment que nous avons interrogés, l'entretien de ces cases consiste à remplacer les poteaux quand ils pourrissent en terre et à rafraîchir de temps en temps les feuilles du toit. Lors des cyclones, les cases sont soufflées ou renversées. Dans ce dernier cas, il suffit souvent de les redresser et d'ajouter quelques barres pour qu'elles redeviennent habitables.

Ce format de case basique peut être améloré par étapes. D'abord, certains chevrons peuvent être taillés (à la hache) pour leur donner une section carrée, ce qui permet de faire des assemblages plus solides. On peut mettre du linoléum sur le plancher. On peut utiliser des planches plutôt que des demi-bambous. On peut ajouter une porte, voire des fenêtres avec des volets. On peut faire des fondations en béton, mettre un toit en tôle. Enfin, on peut monter des murs en briques. On perce alors des trous d'aération orientés vers le bas dans les murs.

Les bâtiments officiels (mairies, dispensaires, écoles,...) sont en dur. Par contre, seules les villas très luxueuses ont des vitres aux fenêtres : le climat est doux, et des volets sont plus utiles lors d'un cyclone.

Internet

Comme les autres îles et continents, le téléphone et Inernet arrive à Madagascar via des câbles sous-marins. Ensuite, il y a des noeuds de télécom dans les villes pour distribuer les données et les conversations téléphoniques.

La particularité de Madagascar au niveau des utilisateurs. Suivant la tendance globale tendant à minimiser les infrastructures, il y a peu de lignes de téléphone fixe, et donc de modems analogiques ou ADSL. Le marché est trop petit, et de toute façon, ces équipements sont détruits tous les 2-3 ans par les cyclones (du moins sur la côte).

Il y a donc un réseau de téléphone mobile GSM, avec trois opérateurs, qui couvrent des villes jusqu'qux gros bourgs. Ce réseau permet aussi d'accéder à Internet via des modems GSM, qui peuvent théoriquement fonctionner en 3G à Toamasina. Malheureusement, celui qu'avait acheté Célia ne fonctionnait pas chez elle.

Il y a aussi un réseau sans fil intermédiaire entre le GSM et le téléphone fixe. Le téléphone se présente sous forme d'un poste fixe, qu'on peut poser sur une table, avec un combiné à fil en spirale, plus une petite antenne. L'origine chinoise du produit est atestée par la marque « Huawei », par la mélodie synthétique sirupeuse qu'il émet au démarrage, et par le rétroéclairage rouge et vert fluo des touches et de l'écran.

On peut le relier avec un câble USB à un ordinateur. Il devient alors un modem analogique qui permet d'accéder à Internet. Il ne fonctionne correctement que sous Windows XP, alors que par malheur nos deux portables sont sous Windows Vista et Windows 2000 ou Linux.

J'écris donc ceci sous Linux, puis je le transfère sous Win 2000. Je me connecte pour le publier en faisant le minimum de manipulations possibles pour ne pas avoir un plantage (Blue Screen Of Death)... Mais c'est mieux que d'aller dans un cybercafé.

Je peux donc maintenant publier les entrées de mon blog en souffrance, les antidatant approximativement.